Il faut reconnaitre que pour un néophyte le vocabulaire très franglais et abrégé des agences de création et des designers est bien difficile d’accès. Il est clairement compliqué de faire la nuance entre toutes les méthodes et les différentes prestations disponibles auprès de ces agences. Alors comment savoir de quoi vous avez besoin, en fonction de votre projet ? Et c’est dommage, car derrière cette barrière de langage se cachent de réelles opportunités d’aide à l’innovation pour les entreprises de tous les secteurs.
Au commencement…
Dans les années 1940, le domaine de la publicité souhaite sensibiliser le monde de l’entreprise à la pensée créative, et met en place une nouvelle manière de réfléchir en groupe : le « brainstorming » ! Cette méthode de travail a pour objectif de fournir un maximum d’idées sur un sujet précis, dans une durée bien définie. S’il est doucement remis en cause avec le temps, le brainstorming ouvre la voie à de nouvelles méthodes de créativité, et notamment le « design thinking » dans les années 1980/90.
Design thinking
Né au cœur de la Sillicon Valley, le design thinking désigne la mise en application de techniques de création empruntées aux designers. Il s’agit d’un processus de réflexion par étapes, qui permet de résoudre de gros problèmes d’entreprise. Son secret ? Inscrire l’utilisateur final et ses souhaits les plus profonds au cœur de sa démarche pour trouver des solutions qui lui correspondent.
Les étapes de cette démarche :
1 – Identifier une problématique et comprendre son environnement
2 – Trouver le concept, l’idée qui permettra de la résoudre
3 – Concevoir la forme qui incarnera ce concept
Chaque étape comporte son lot d’outils permettant à la fois d’extraire, mais aussi de matérialiser les études et/ou les idées.
Le design thinking est une logique de co-création, obligeant l’entreprise souhaitant innover via cette méthode à briser les silos de travail des différents départements qui la composent, et instaurer une manière de travailler en « cross-département », favorisant l’intelligence collective.

Cette méthode met en place une gymnastique intellectuelle de travail alternant phases d’intuition et phases d’analyse, et donnant une place majeure aux études de terrain.
Mais ce processus n’est pas parfaitement linéaire, il est itératif et modulable, d’où sa qualité première : l’agilité. C’est donc une méthode qui demande un temps de travail et d’études incompressible, si l’on veut avoir assez de matière pour bien travailler. De plus, si cette méthode est « normale », voire « innée », pour un designer, grâce à sa formation et sa manière de réfléchir, elle peut devenir une autre paire de manche lorsqu’elle doit être appliqué dans une entreprise dénuée de personnels à vocation créative.
Cette manière d’aborder un projet doit donc être conduite par un professionnel du design qui sera capable de manier avec succès les trois piliers qui composent cette discipline.
- L’esthétique : la partie la plus connue du grand public. Le beau, car comme disait Loewy : « Le laid se vend mal ».
- Le pratique : l’ergonomie et l’expérience, la manière de l’utiliser.
- Le process : le pilier le plus méconnu de tous, savoir comment concevoir, fabriquer l’innovation.
Design sprint
Quelques années plus tard, entre 2010 et 2016, un designer de chez Google Venture, Jake Knap, s’inspire du processus de design thinking pour créer le « design sprint ».
Son objectif : permettre à n’importe quelle entreprise, quelles que soient ses ressources en « créatifs », d’appliquer la technique et de résoudre leurs problèmes en un temps records de cinq jours.
« Sprints offer a path to solve big problems, test new ideas, get more done, and do it faster. They also allow you to have more fun »
Jake Knapp
Son défi : réunir une équipe pluridisciplinaire et imposer un timing strict pour chaque étape de réflexion. Les participants stimulent alors plus facilement leur créativité et des solutions sont prototypées et testées en seulement quelques jours.
Depuis, ce procédé a été travaillé et théorisé pour devenir une méthodologie efficace et innovante, déjà testée par un très grand nombre d’entreprises à travers le monde.
Ci-dessous l’explication condensée des phases qui définissent cette méthode

Mais alors quelle méthode pour quel projet ?
Ce qu’il faut comprendre, c’est que ces deux méthodes s’appliquent parfaitement sur des innovations numériques, de services ou de produits. La décision d’activer telle ou telle méthode se porte surtout sur le fait d’avoir, ou non, en sa possession des clefs pour bien travailler. Cela peut se définir par :
- le niveau d’avancement du projet,
- la capacité à s’entourer et par quel type de métier,
- le temps accordé au projet.
Ce schéma décisionnel résume bien la question :

Conclusion
Ne soyez pas dupes, chacune de ces deux méthodes vient avec son lot d’avantages et d’inconvénients.
Il n’y a rien de magique !
Car même si la méthode clarifie les phases de travail pour le porteur de projet, elle n’en reste pas moins, parfois, un prétexte pour l’agence qui justifie ainsi son temps de travail à vous facturer. Le choix du prestataire est donc primordial, car il est le garant du bon déroulement de tout ceci.
Personnellement, nous considérons qu’une méthode est davantage une voie à suivre dans ses grandes lignes. L’intelligence consiste plutôt à savoir l’adapter, la modifier et l’enrichir en fonction du projet et de son porteur, car chaque contexte est différent. Et c’est ce qui rend notre métier si intéressant : la diversité de vos projets.
Alors, n’achetez pas un titre parce qu’il est à la mode, prenez le temps de vous faire conseiller sur ce qui est bon pour vous !
Nicolas Cloarec